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Eau potable : le Gabon concrétise une promesse vieille de dix ans

Dans un geste à forte portée sociale et politique, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a inauguré le lundi 16 juin 2035 la station de pompage de PK5 et son réservoir de 10 000 m³. Cette mise en service marque l’une des étapes clés du Programme intégré d’alimentation en eau potable et d’assainissement de Libreville (PIEPAL), censé améliorer durablement l’accès à l’eau potable dans le Grand Libreville.

Soutenu par un financement global de 117,4 millions d’euros (soit environ 78 milliards de FCFA), ce projet structurant a été rendu possible grâce à un partenariat entre l’État gabonais, la Banque africaine de développement (BAD) et le fonds Africa Growing Together Fund. Il cible environ 300 000 habitants, confrontés depuis près d’une décennie à des pénuries chroniques.

La station inaugurée, doublée d’un réservoir situé à la Cité de la Caisse, affiche une capacité de production de 57 600 m³ par jour. Elle alimente un réseau modernisé comprenant 310 kilomètres de canalisations réhabilitées, 21 000 compteurs nouvellement installés et plusieurs ouvrages hydrauliques dans des localités telles que Ntoum, Bikélé-Nzong, Alénakiri et Sotega.

Pour le ministre de l’Accès universel à l’Eau et à l’Énergie, Philippe Tonangoye, cette réalisation est le fruit d’une volonté politique assumée : « Les ouvrages que nous mettons en service incarnent la consécration d’une solidarité exemplaire », a-t-il déclaré. Il a également rappelé que le défi de l’eau dépasse les frontières de Libreville, en soulignant la nécessité d’étendre ces efforts aux neuf provinces du pays, aux 52 communes et aux quelque 2 473 villages.

Des résultats salués, mais encore partiels

Si cette inauguration représente une avancée notable, certains quartiers de Libreville attendent encore d’être pleinement raccordés. Plusieurs habitants, interrogés en marge de l’événement, saluent les progrès, mais restent prudents. « On espère que ce ne sera pas juste pour la photo. Chez moi, à Sherko, l’eau ne coule pas encore tous les jours », confie un résident. Cette réalité est partagée par des techniciens de terrain, qui soulignent que la stabilité de la desserte dépendra aussi de la maintenance continue des installations et d’une gouvernance rigoureuse à long terme.

Du côté de la BAD, l’émotion était palpable. Le président de l’institution, Akinwumi Adesina, a félicité le chef de l’État gabonais pour sa « détermination infatigable », non sans évoquer son propre parcours. « Enfant, j’ai marché des kilomètres avec un seau d’eau sur la tête. J’ai dû choisir entre mon seau et garder ma tête », a-t-il confié, en soulignant l’importance d’un tel projet pour les populations africaines.

Fidèle à son sens de la métaphore, il a conclu : « La Banque vous a fait la passe. Vous avez marqué le but. ».

Une vision à poursuivre

Initialement dotée de trois groupes de pompage, la station a été redimensionnée à cinq groupes afin d’anticiper l’augmentation future de la demande. Ce choix technique illustre une volonté d’inscrire le projet dans la durée. Cependant, plusieurs acteurs du secteur hydrique estiment que la durabilité dépendra aussi de l’entretien des équipements et de la formation continue des équipes locales.

Le ministre Tonangoye a rappelé que les défis ne sont pas terminés, évoquant les retards liés à une décennie d’inactivité et des obstacles qualifiés de « douze travaux d’Hercule ». Il a néanmoins souligné que les coûts ont pu être maîtrisés et revus à la baisse, tout en maintenant la qualité attendue.

Le PIEPAL ouvre une nouvelle page pour l’accès à l’eau potable dans la capitale gabonaise. Si l’inauguration de PK5 est saluée comme un progrès concret, elle ne clôt pas les attentes. Pour les populations, la vraie réussite ne se mesure pas dans les discours, mais à chaque fois que l’eau coule du robinet, sans interruption ni rationnement.

L’heure est désormais à la consolidation : veiller à l’équité d’accès, renforcer les contrôles de qualité et garantir que cette promesse d’eau pour tous se transforme en réalité quotidienne.

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